Hybridée #5 : Sport & innovation

Parce que les percées novatrices se produisent souvent à l’intersection de plusieurs disciplines, Bartle propose de s’aventurer au croisement d’univers apparemment sans lien, pour vous offrir une source d’inspiration et vous inviter à penser autrement.

Une hybridée proposée par Jean-Raphaël Demangeat

Secteur

Innovation

Auteur

Jean-Raphaël Demangeat

Date de publication

3 avril 2023

Temps de lecture

5 mins

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Sommaire de l’article

Le sport : des innovations constantes pour repousser les limites de chacune des disciplines

A bientôt un an des Jeux olympiques de Paris 2024, les yeux se tournent davantage vers les compétitions sportives et la pratique du sport s’intensifie de plus en plus au sein de la population française. L’application de suivi d’activités Strava note par exemple que le pourcentage de sportifs ayant couru un marathon a presque triplé en France en 2022 par rapport à 2021.

L’objectif principal de chaque sportif est d’améliorer sa performance. Partant de ce postulat, les équipementiers sportifs travaillent ardument à améliorer la technicité de leurs produits et cela passe bien évidemment par une logique d’innovation forte.

Le projet Breaking2 de Nike, ou l’histoire de la basket à plaque carbone

Circuit de Monza, en Italie, nous sommes le 6 mai 2017, il est 17h45, et Eliud Kipchoge – athlète professionnel Kenyan – prend le départ d’un marathon un peu particulier. Il part seul, accompagné de six meneurs d’allure, avec pour objectif de faire descendre le record du monde sur cette distance mythique sous la barre des deux heures. Il terminera finalement la course en deux heures et vingt-cinq secondes.

Une nouvelle tentative aura lieu le 12 octobre 2019, à Vienne, lors de laquelle il finira par atteindre son objectif en terminant sa course en une heure, cinquante-neuf minutes et quarante secondes.

Comment l’athlète Kenyan a-t-il pu réaliser cette performance qui pourrait paraître surhumaine ?

Point commun entre ces deux tentatives : l’utilisation d’une toute nouvelle chaussure, incluant une plaque en carbone à l’intérieur de sa semelle, la Nike Zoom Vaporfly 4%. Cette dernière, couplée à une nouvelle mousse, reproduirait l’effet d’un ressort et permettrait d’économiser, comme son nom l’indique, quatre pour cent d’énergie de course.

Que peut-on en apprendre ?

L’innovation ici proposée par l’équipementier américain a suscité de nombreuses questions auprès du grand public et de la fédération internationale d’athlétisme. La question au centre du débat étant : est-ce une innovation ou du dopage technologique ? La World Athletics a finalement autorisé l’utilisation des chaussures à plaque carbone – avec toutefois des limitations sur la taille des semelles utilisées en fonction des types de courses.

Depuis, les grandes marques de running se sont mises à proposer leurs propres chaussures intégrant une plaque en carbone. Force est de constater que depuis l’arrivée de ces chaussures dans le monde de la course à pied, les records femmes et hommes sur 5 km, 10 km, semi-marathon et marathon ont tous été battus.

La natation et ses combinaisons

En termes d’innovation, la natation et plus particulièrement les tenues utilisées par les athlètes ont également fait couler beaucoup d’encre. Depuis la fin des années 1990, les combinaisons de natation ont progressivement remplacé les classiques maillots de bain. Ces dernières permettent notamment de réduire les frottements, d’améliorer la flottabilité et d’améliorer les mouvements des athlètes.

C’est à partir de 2008 que le sujet apparait sur le devant de la scène médiatique avec une nouvelle combinaison de l’équipementier australien Speedo – la LZR Racer. Cette dernière, conçue en association avec la NASA, est la toute première combinaison assemblée et soudée par ultrasons. Elle diminuerait de 10% la traînée dans l’eau par rapport au précédent modèle de la marque.

Résultat : sur l’année 2008, 105 records du monde sont battus dont 79 provenant d’athlètes portant la LZR Racer. En 2009, de nouvelles combinaisons, encore plus performantes que la tenue de l’équipementier australien, commencent à faire leur apparition : celles en polyuréthanes.

Les molécules de polyuréthane étant hydrophobes, ces combinaisons amélioreraient considérablement la flottabilité des athlètes et leur procureraient un avantage considérable. Là encore, de nombreux records tombent, en particulier lors des mondiaux de natation de Rome en 2009.

Que peut-on en apprendre ?

Encore une fois, la question reste la même : innovation ou dopage technologique ? A l’issue des mondiaux de Rome, la Fédération Internationale de Natation décide d’interdire les tenues en polyuréthane à compter du 1er janvier 2010. En effet, cette dernière a jugé que ces tenues apportaient trop d’avantages technologiques aux sportifs et « faussaient » les résultats. C’est donc un retour au tissu pour les athlètes !

Innovation ou dopage technologique ? Que faut-il retenir ?

Au service du sport, l’innovation a pour objectif premier de concevoir de nouveaux produits permettant d’optimiser les performances des athlètes. La frontière entre innovation et dopage technologique reste à l’appréciation des régulateurs des disciplines.

Il est difficile d’attribuer précisément la part de responsabilité de l’ingénieur et celle de l’athlète dans un nouveau record impliquant une innovation majeure. Des innovations restent et deviennent une référence dans certaines disciplines, d’autres subissent un arrêt net lié à la règlementation des fédérations internationales.

Dans le premier cas, l’évolution des performances dans la discipline concernée est souvent importante et les cartes sont redistribuées, dans le second la progression est freinée en attendant de nouvelles innovations…

Cela nous amène à nous demander ce qu’on peut déduire des logiques d’innovation plus largement. Certaines innovations ne sont pas toujours les bienvenues et peuvent même aller à l’encontre de l’essence même d’un sujet ou d’une discipline.

Nous pouvons ici faire un parallèle avec l’intelligence artificielle et l’arrivée récente des outils conversationnels dans nos mondes professionnels. Ces derniers questionnent et peuvent autant être considérés comme une innovation de rupture qu’un frein à la créativité, à la recherche et à l’innovation.

Ces outils apportent une incroyable source d’informations avec un niveau de synthèse important en un temps record. Cependant, la pertinence des retours, le manque de personnalisation ou le niveau de connaissance sur des sujets pointus sont autant de limites qui montrent, aujourd’hui, que les qualités et les valeurs intrinsèques de l’humain restent centrales.

En attendant, nous avons hâtes de voir quelles innovations feront parler d’elles à l’été 2024 !

Et vous, qu’avez-vous envie d’en retenir sur les limites de l’innovation ?


Une hybridée proposée par :
Jean-Raphaël Demangeat – Manager chez Bartle

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