Trading des particuliers : beaucoup d’appelés, peu d’élus

Le 11 novembre dernier pourrait être qualifié de vendredi noir sur le marché des cryptomonnaies. La plateforme de trading FTX s’est déclarée en faillite. FTX est soupçonnée d’avoir détourné jusqu’à 10 milliards de dollars de fonds clients pour renflouer son activité de trading de cryptomonnaies : entre 1 et 2 milliards seraient d’ores et déjà perdus (Les Echos). La plateforme était utilisée par de nombreux investisseurs particuliers, qui encourent de graves risques de perte en capital.

Un décryptage proposé par Nooreen Javid et François-René Diard

Secteur

Services Financiers

Auteur

François-René Diard, Nooreen Javid

Date de publication

18 novembre 2022

Temps de lecture

5 mins

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trading particuliers

Ces nouvelles plateformes démocratisent l’investissement pour les particuliers comme ce fut le cas il y a une vingtaine d’années avec l’essor des discount brokers. Entre début 2019 et fin 2020, le nombre d’investisseurs particuliers a doublé en Europe. A mi-2021, 5% des échanges sur les marchés financiers étaient issus d’investisseurs particuliers contre 2% en 2019 (L’Agefi).

L’investissement via ces plateformes qui promettent d’accéder rapidement à une rentabilité attractive représente des risques pour les investisseurs non aguerris, et le cas FTX risque de susciter davantage de méfiance de la part des investisseurs et des régulateurs.

Bartle vous propose quelques conseils pour faire face aux principaux risques liés à de telles plateformes, que ce soit pour leurs dirigeants ou pour les investisseurs.

Sommaire de l’article

Un risque important de perte en capital pour les investisseurs particuliers

Si les termes de « marché financier » et « bourse » attirent, les perdants sont nombreux, pour atteindre un taux de 89% sur certains produits complexes d’après l’Autorité des Marchés Financiers (AMF), qui évoque également un résultat moyen négatif de 10 887 €.

Peu de particuliers disposent en effet des 4 bons ingrédients pour appréhender cet univers :

1/ Flux important d’informations,
2/ Compétences et capacité de compréhension,
3/ Outils d’analyse,
4/ Force de frappe : capacité financière à diversifier le risque et à subir des pertes.

Aussi, il existe un décalage de perception entre les gains potentiels et le risque de perte. En outre, la publicité de ces plateformes peut être trompeuse, certains acteurs proposant de « copier » des portefeuilles sans s’intéresser à leurs compositions. Parfois, le petit porteur acquière des produits peu maîtrisés :

  • Actions de sociétés spécialisées en biotechnologies ou « Biotech » : produit à forte volatilité avec risque de dilution induit par les OCA émises. Obligation Convertible en Action : lorsque qu’une obligation est convertie en action, le nombre total d’action augmente, le capital est dilué et la valeur d’une action décroit.
  • Options binaires : options liées à un « pari » sur la hausse ou la baisse d’un actif.
  • Cryptomonnaies, dont certaines ont perdu la quasi-totalité de leur valorisation en très peu de temps (LUNA). D’autres sont basées sur des buzz : la valeur du Dogecoin qui, à la suite d’un tweet d’Elon Musk, a fortement varié alors même que la valeur de la monnaie devrait tendre vers 0. La majorité des cryptomonnaies disposent d’une quantité finie de monnaie pouvant être minée informatiquement, alors que le Dogecoin une quantité infinie.
  • Etc.

La non-connaissance de ces produits est généralement la cause des pertes en capital des investisseurs particuliers. L’AMF met d’ailleurs en garde :

« Méfiez-vous des propositions de trading en ligne sur le Forex et les options binaires. Elles laissent croire qu’il est possible de devenir « trader » en quelques jours et de gagner rapidement beaucoup d’argent. Mais vous risquez d’y perdre vos économies et de tomber sur des arnaques »

Les professionnels du domaine ont un rôle de veille réglementaire à jouer afin de se tenir informés des dernières obligations, préconisations et bonnes pratiques à la fois des régulateurs mais aussi des acteurs de la place. Aussi, pour rassurer, il est souhaitable que ces plateformes communiquent sur leurs réserves de liquidités et l’usage qui en est fait.

Un risque d’addiction, comme pour les jeux d’argent

Les témoignages de particuliers sujets à l’addiction à la bourse se multiplient et des thérapies voient le jour pour traiter le cas de patients enfermés dans le cercle vicieux des pertes liées aux plateformes de trading. Le trading active en effet les récepteurs de dopamine dans le cerveau. « La personne risque alors de continuer à trader des cryptomonnaies uniquement pour ressentir les bienfaits de la dopamine. C’est l’engrenage qui conduit à l’installation d’une addiction. »

Comme l’usage le veut dans de nombreux secteurs où le consommateur est sujet à l’addiction, les professionnels du secteur ont un rôle de prévention à jouer : information, messages chocs etc.

Un risque de scam, face auquel les investisseurs peuvent avoir des difficultés à faire le tri

Le scam désigne une arnaque par laquelle un individu malveillant piège un particulier. Cette tendance est surtout répandue dans l’univers des cryptomonnaies : le scammeur propose l’accès à un portefeuille déjà approvisionné en actifs numériques moyennant paiement de frais. Une fois les frais payés, le compte du particulier est dans la grande majorité des cas piraté sans obtenir les actifs promis. La multiplication de ces arnaques risque de jeter l’opprobre sur l’ensemble des acteurs. Nous invitons les acteurs de la finance digitalisée à permettre aux particuliers d’identifier ces schémas malveillants.

Enfin, nous conseillons aux particuliers d’évaluer leur maîtrise des 4 ingrédients nécessaires à la maîtrise des marchés financiers que nous évoquions précédemment.

  • Bien choisir ses sources pour disposer de l’information nécessaire. Se tourner vers les plateformes agréées par les régulateurs (en France, tout investisseur passe le test d’adéquation MIFID qui définit ses objectifs d’investissement, ses connaissances, son appétence au risque et à subir des pertes). Consulter les listes noires tenues par les régulateurs.
  • Appréhender son niveau de compétences, de connaissances et son appétence au risque.
  • Fonder sa prise de décision sur des données à jour grâce aux outils adéquats. Consulter les chiffres et ratios financiers publiés sur les plateformes d’informations financières.
  • Limiter ses investissements à sa force de frappe (à sa capacité à subir des pertes et à sa propension à diversifier le risque).

Un cadre règlementaire plus contraignant rassurerait et est nécessaire, d’autant plus que certains leaders envisagent le rachat de banques traditionnelles.

Néanmoins, ces plateformes devront utiliser le levier de l’expérience client en rassurant, et en proposant un cadre sécurisé en adéquation avec tout type et tout profil d’investisseur.

Bartle dispose de nombreux experts et références dans le domaine de l’expérience client. Le cabinet est intimement convaincu de la possible transposition de travaux en lien avec l’expérience client réalisés chez les grands groupes de la place financière à des services d’investissement au plus proche de petits investisseurs.


Un décryptage proposé par :
Nooreen Javid – Manager chez Bartle
François-René Diard – Consultant chez Bartle

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