Sobriété numérique : les 4 principaux challenges à relever

La sobriété numérique est un concept apparu il y a une dizaine d’années en France. Ce terme désigne la démarche qui incite à un usage modéré du numérique et qui alerte sur l’empreinte carbone de ce secteur.

Une tribune écrite par Grégoire Marette et Mathieu Gosselin

Sujets
#Banque
#empreinte carbone
#Sobriété numérique
Secteur

Banque

Auteur

Grégoire Marette, Mathieu Gosselin

Date de publication

30 mai 2022

Temps de lecture

4 mins

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Sobriété numérique

Selon OXFAM, en 2019, les émissions des 6 plus grandes banques françaises issues de leurs activités de financement et d’investissement ont atteint plus de 3,3 milliards teqCO2.

Ce chiffre important est principalement dû à l’investissement de certains groupes dans des projets à forte émission de type secteur pétrolier ou gaz de schiste par exemple.

 

Sommaire de l’article

Alignements, engagements et développements

Cependant, comme le souligne le rapport commun de l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) et l’Association des Marchés Financiers (AMF) sur le Suivi et évaluation des engagements climatiques des acteurs de la Place, les engagements du secteur bancaire français pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre sont nombreux :

  • Alignement sur les objectifs des accords de Paris
  • Engagements portant sur la fin de l’usage des énergies fossiles (par exemple arrêt de l’utilisation du charbon dans le mix énergétique d’ici 2030)
  • Développement d’investissements pour des projets verts et responsables
  • L’engagement vis-à-vis des actionnaires

Sociétés de service par excellence, les banques étudient de près par ailleurs la réduction des émissions dues à leur empreinte numérique. Le numérique représente en effet 4% des émissions mondiales et est en constante hausse (source : Shift Project).

Un numérique mesurable, plus éthique et transparent

Selon l’ADEME, ces émissions issues de l’IT proviennent principalement du fonctionnement du réseau numérique et de la fabrication d’équipements informatiques.

Aujourd’hui, des banques s’engagent et signent la Charte du Numérique Responsable, comme par exemple BPCE ou la Société Générale. Elles s’engagent ainsi sur quelques préceptes clés :

  • Prendre en compte le cycle de vie complet des équipements
  • Développer des services numériques et offres de service accessibles à tous
  • Développer des pratiques du numérique éthiques et responsables
  • Rendre l’usage du numérique mesurable, transparent et lisible
  • Valoriser la création de valeur

 

Derrière ces 5 grands piliers

Les piliers de la Charte du Numérique Responsable sont autant des engagements qualitatifs que quantitatifs, par exemple :

  • L’allongement de la durée de vie des équipements au-delà de l’amortissement comptable
  • Optimisation de l’usage des ressources numériques
  • Développer des applications et services accessibles à tous sans besoin de débit ou technologie dernière génération
  • Sensibiliser les collaborateurs à la RSE et au Numérique Responsable
  • Evaluer la bonne adéquation entre les services numériques et les besoins

Pour atteindre ces objectifs, la mise en place d’un suivi d’indicateurs clés est un prérequis indispensable. La banque doit pouvoir suivre l’avancement et la progression de ces indicateurs pour vérifier la bonne atteinte de ces objectifs.

— L’accès à des sources de données automatisées doit être privilégié afin de faciliter et fiabiliser la donnée.

Les 4 principaux challenges à relever

Nous identifions plusieurs grands challenges à relever dans la mise en place d’un reporting efficace pour évaluer la réussite de la démarche numérique responsable :

  • Prioriser les KPIs clés
    Permettant ainsi de tracer les évolutions les plus importantes et s’assurer de la bonne disponibilité des données au plus tôt (par exemple : la consommation d’un datacenter aura plus d’impact que la sensibilisation des collaborateurs aux enjeux numériques, cependant l’accès à cette donnée pourra être plus complexe)
  • Une sensibilisation des équipes
    Celles-ci doivent être réactives et assidues dans le partage d’information et de données pour comprendre les enjeux par département et secteur de l’entreprise
  • Un accès à des sources de données automatisées
    Il doit être privilégié afin de faciliter et fiabiliser la donnée. Si des données doivent être transmises par des équipes de manière manuelle, leur traitement peut donner lieu à des erreurs mais également ne pas être remontées de manière suffisamment régulière pour pouvoir tracer des évolutions pertinentes dans le temps
  • Utiliser un référentiel clé pour avoir des bases de comparaison pertinentes
    – Il est possible que les banques ne tracent pas leurs données de consommation CO2, usage de leur matériel informatique, … de manière régulière depuis longtemps. Avoir une base commune permettant de comparer une évolution entre les usages passés et le présent peut être complexe.- Certaines banques, certains départements n’auront même parfois aucun historique de la donnée à partager, rendant ainsi un calcul de l’évolution plus complexe. Il sera nécessaire de construire des hypothèses ou des modèles permettant d’obtenir un référentiel commun.- Les bouleversements liés au Covid, ayant entrainé une acquisition et un usage accru de matériel informatique en 2020, 2021 pour le travail à distance peut entrainer des biais de comparaison.

 

Tracer l’usage du numérique au sein des banques est donc une tâche décisive afin de répondre aux enjeux environnementaux actuels mais complexe à mettre en œuvre. Mais la mise en place d’une méthode rigoureuse permettant de définir les indicateurs clés, de les prioriser selon leurs disponibilités et la mise en place d’un dashboard de suivi sont un bon départ à la mise en place de la sobriété numérique.


Une tribune écrite par :
Grégoire Marette – Consultant senior chez Bartle
Mathieu Gosselin – Directeur du développement et de la communication chez Bartle

 

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