Innovation sociale : 4 leçons à tirer du dispositif « Territoires zéro chômeurs de longue durée »

1 – Pour comprendre un problème, il faut partir de l’écosystème local et de la réalité du terrain

Avant d’imaginer une solution, il faut comprendre le problème : rencontrer les personnes concernées, les acteurs institutionnels et les utilisateurs potentiels, écouter, questionner, échanger, pour comprendre le problème de fond, ce qui a déjà été tenté, les atouts et points de blocage existants, ce qui serait réellement utile.

Dans le cas des TZCLD, le réel peut s’appréhender autour de deux axes : la réalité de la vie des chômeurs de longue durée là où ils sont d’une part, la réalité des territoires sur lesquels ils sont implantés d’autre part.

Des sessions d’information collectives pour parler de l’expérimentation, informer les citoyens, annoncer le lancement du dispositif sur le territoire, sont organisées avant le lancement.

Des collaborations avec Pôle Emploi, les élus, les communautés de communes, le département, la région, les associations caritatives engagées sur le territoire, les chefs d’entreprises locaux sont indispensables. Tous participent aux comités locaux pour l’emploi, qui pilotent les démarches TZCLD sur le territoire et rassemblent environ 25 personnes.

2 – Pour avoir une vision innovante, il faut renverser le problème et s’en sentir responsable

 Si aucune solution pérenne n’a été trouvée jusqu’à présent, c’est probablement parce qu’elle n’est pas évidente. Il est parfois nécessaire de changer de paradigme et de renverser la logique, pour voir ce que ça donne.

La conviction des territoires engagés est que la production d’emploi « c’est leur affaire ». Pas uniquement celle des entreprises, ni de l’Etat. Le retour en emploi, puis au travail, n’est pas uniquement une responsabilité individuelle. La collectivité locale peut se saisir de cet enjeu.

Depuis 40 ans, une multitude de dispositifs visant à permettre aux personnes éloignées de l’emploi de renouer avec l’emploi se succèdent, souvent en marge du droit du travail (emplois aidés). Les expérimentations TZCLD n’ont pas voulu créer un énième système dérogatoire mais s’intégrer de manière innovante à un système déjà existant, celui du salariat de droit commun.

3 – L’expérimentation précède la théorisation

Un seul mot d’ordre : se lancer ! On n’attend pas la perfection, ni d’avoir tous les outils, on n’attend pas d’avoir réponse à tout. On essaie, on se trompe, on fait le bilan, on recommence, on s’améliore.

Les TZCLD n’ont pas été instaurés par une loi. Le dispositif a démarré du réel : des terrains, sur lesquels on a expérimenté sans avoir tous les outils. Aux Etats-Unis, on parle d’initiatives « grassroot » pour désigner ces démarches venues du terrain.

4 – Pour faire réussir une innovation sociale, il faut une volonté politique et du consensus

Il faut une volonté politique car porter un projet d’innovation sociale, par essence disruptif, n’est pas toujours de tout repos. Du consensus également, parce que l’adhésion et le partage d’une vision sont nécessaires à l’acceptabilité sociale et à la pérennisation des dispositifs imaginés.

Dans le cas des TZCLD, la grande majorité des municipalités porteuses de projet ont été élues sur ce programme. Elles partagent ainsi avec leurs concitoyens la conviction que la production d’emploi nous concerne tous, et leur proposent une solution.

Un immense merci à Annaig Abjan, Pierre-Yves Verkindt et Sylvain Puteaux, qui nous ont présenté le dispositif à l’occasion de la parution de l’ouvrage de Jean-Christophe Sarrot et Annaig Abjan, « Repenser l’emploi avec les Territoires zéro chômeur de longue durée », paru dans la collection « Mondes en transitions » aux éditions Les Petits Matins/Éditions Quart Monde.

Une tribune proposée par :
Ninon Galice – Manager chez Bartle