Seriez-vous prêt à vous passer de votre voiture ?

Il aura fallu attendre cet été pour faire la rencontre la plus originale de l’année ! Damian Bown, modestement « Directeur commercial » de Trafi sur LinkedIn, est en réalité l’anthropologue du MaaS (Mobility as a Service). Il conçoit depuis plus de 20 ans des applications qui facilitent les déplacements en milieu urbain et proposent des alternatives à la voiture. Cette expérience lui permet d’analyser avec beaucoup de perspicacité les tendances et les impacts du contexte actuel sur les transports.

Une rencontre relatée par Louis-Antoine Calvy

 

Secteur

Mobilité

Auteur

Louis-Antoine Calvy

Date de publication

27 octobre 2022

Temps de lecture

3 mins

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Sommaire de l’article

Identifier des alternatives à la voiture en développant les transports publics

Dans les années 2000, alors que Nokia intégrait Internet sur ses téléphones portables, Damian travaillait déjà sur une billetterie sans contact. Pour lui, aucun parti pris concernant le mode de transport : la voiture n’est pas un mal en soi, mais elle représente en revanche un niveau de service élevé et coûteux, propice à la mise en concurrence.

Son approche ? Traquer et supprimer tous les obstacles et freins possibles au voyage. Son objectif ? Proposer des alternatives à la voiture qui soient si crédibles qu’il devient plus intéressant de laisser ses clés sur la table de l’entrée, à côté des vis IKEA inutilisées.

Quant au rôle des transports publics dans un contexte de tensions climatiques, énergétiques et sanitaires, le constat est clair : il est d’ordre social ! Un bon niveau de transport public est un atout majeur pour les populations, comme l’a exprimé Gustavo Petro, ancien maire de Bogota : « Un pays développé n’est pas un pays où les pauvres ont des voitures, c’est un pays où les riches utilisent les transports publics« .

L’approche de la carotte et du bâton

Si le rôle social joué par les transports publics est une constante, les enjeux des municipalités évoluent avec le temps. Ces cinq dernières années, il s’agissait plutôt de mettre les données à la disposition des startups pour favoriser l’innovation dans l’offre de service.

Alors qu’aujourd’hui, les villes tentent de réglementer les initiatives, à l’instar des scooters ou des trottinettes électriques. Un équilibre est recherché entre une certaine liberté laissée aux acteurs et l’imposition d’un cadre strict. Une solution souvent utilisée consiste à publier un cahier des charges, pour sélectionner les fournisseurs “aptes” à produire un service spécifique.

La réglementation permet aux villes de faire appel à des prestataires externes dans la mise en œuvre de leur offre de mobilité, mais l’adoption de l’offre par les usagers n’est pas immédiate. Quels moyens peuvent-elles donc utiliser pour promouvoir leur politique de mobilité ? Damian identifie une stratégie à deux volets qui semble porter ses fruits : l’approche de la carotte et du bâton.

Une politique relativement courante consiste à bannir la voiture des centres-villes (le bâton). Cependant, ce moyen de transport est souvent incontournable dans les zones à faible densité. La carotte consiste donc à créer des parkings relais à la périphérie des villes, reliés à des bornes à vélo ou aux transports publics (la carotte).

Le bâton prend alors la forme de péages urbains, de réductions des places de stationnement en centre-ville ou encore de restrictions de circulation, qu’elles soient géographiques, liées à la motorisation, etc. “La carotte est encore trop peu utilisée pour nous retrouver dans une situation où l’usager ait le sentiment qu’il pourrait ne jamais avoir à utiliser sa voiture, la vendre et continuer malgré tout à emmener sa fille à la danse” précise Damian.

Quelles sont les villes les plus avancées dans l’élaboration et la mise en œuvre de leur politique publique de mobilité ? Sans hésiter, c’était Londres… il y a 10 ans ! Helsinki est la championne de l’open data, mais les services développés pâtissent de l’absence de modèle économique.

Aujourd’hui, Paris, Madrid, Barcelone et Berlin sont probablement les plus avancées, avec des politiques ambitieuses et l’intégration de nombreux services dans un MaaS, relativement efficace. Mais selon Damian, la ville à surveiller, capable de changer très rapidement, pourrait bien être Bruxelles ! A suivre…


Un article écrit par :
Louis-Antoine Calvy – Manager chez Bartle

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