Et si la CSRD garantissait la pérennité des entreprises ?
La Directive européenne sur la publication d’informations extra-financières pour les grandes entreprises (CSRD) vient imposer à plus de 50 000 entreprises européennes de rendre compte de leurs impacts sociaux et environnementaux. Si, de prime abord, cette directive apparait comme une contrainte supplémentaire, nous sommes convaincus qu’il s’agit d’une réelle opportunité pour les entreprises de s’engager dans une transformation durable de leur modèle d’affaires nécessaire pour garantir la pérennité de leurs activités et répondre aux attentes de leurs parties prenantes.
Un décryptage proposé par Louis Raynaud de Lage et Clément Codron.
Réglementaire
Louis Raynaud de Lage et Clément Codron
31 août 2023
3 mins
L’instauration d’un principe de « double matérialité »
Issue du Green Deal Européen au même titre que la Taxonomie verte et la SFDR, la directive CSRD a pour objectif de contraindre un nombre croissant d’entreprises à rendre compte de leurs impacts sociaux et environnementaux.
Elle élargit le périmètre des entreprises concernées (jusqu’ici cotées) par la NFRD aux entreprises de plus de 250 salariés opérant dans l’Union Européenne.
Elle introduit un changement majeur : la nécessité de publier une liste d’informations détaillées en lien avec les questions sociales, environnementales et de gouvernance de l’entreprise selon un principe de « double matérialité ». Selon ce principe, les entreprises doivent rendre compte à la fois de l’impact généré par l’environnement extérieur (social, sociétal et environnemental) sur les résultats de l’entreprise et de l’impact des activités de l’entreprise sur l’environnement extérieur.
Adoptée en 2022 par le Parlement Européen, elle doit à présent être transposée en droit national tandis que les premiers rapports extra-financiers seront publiés dès 2025 sur l’exercice 2024.
Une standardisation nécessaire des normes extra-financières
L’objectif de la CSRD est de répondre aux attentes grandissantes des consommateurs et des investisseurs qui sont de plus en plus sensibles aux performances ESG des entreprises en :
- Renforçant la confiance entre les entreprises, les investisseurs et les consommateurs.
- Accompagnant la transition vers une finance plus durable via des rapports extra-financiers démocratisés et simplifiés.
L’adoption de cette directive intervient au moment clé où Europe et Etats-Unis souhaitent prendre le leadership sur la standardisation des normes extra-financières. Tandis que l’EFRAG travaille à la conception des standards ESRS qui constituent le socle de reporting de la CSRD, l’ISSB présidé par Emmanuel Faber propose des standards considérés comme moins exhaustifs, moins précis et moins contraignants pour les entreprises.
La CSRD, opportunité d’attractivité auprès de l’ensemble des parties prenantes
La CSRD est l’occasion pour les entreprises de s’investir de manière sincère et ambitieuse dans la transformation de leur modèle d’affaires en y intégrant la RSE.
Cet engagement est source de nombreux bénéfices. Selon France Stratégie, les entreprises ayant une stratégie RSE ont une rentabilité de 13 points supérieure à celles qui n’en ont pas.
La RSE devient par ailleurs source d’attractivité et de rétention des talents, notamment pour les jeunes générations. Une étude de Cone Communication révèle que 64% des Milléniaux déclarent qu’ils n’accepteront pas un emploi si l’entreprise n’a pas de fortes valeurs en matière de responsabilité sociale des entreprises.
La RSE contribue à l’image de marque et à orienter les choix des consommateurs. D’après une étude d’Edelman, deux tiers des Français choisissent d’acheter un produit en fonction des prises de position de la marque.
Elle est également source d’attractivité pour les investisseurs. Selon une étude de Natixis, entre 2019 et 2021, le pourcentage d’investisseurs institutionnels prenant en compte les facteurs ESG est passé de 61 % à 72 %.
Enfin, elle contribue à une meilleure gestion des risques sociaux, environnementaux mais aussi économiques et financiers comme l’ont montré plusieurs études.
Se préparer dès aujourd’hui à la CSRD
Les standards ESRS étant effectifs à partir du reporting extra-financier 2025 pour de nombreuses entreprises, il est nécessaire de se préparer dès maintenant aux évolutions à venir.
Dans un premier temps, réaliser une analyse de double-matérialité permet de visualiser les enjeux qu’il sera nécessaire de détailler dans son reporting extra-financier.
Il est également recommandé de réaliser une analyse des écarts (ou gap analysis) entre la publication extra-financière réalisée à date et les nouvelles exigences imposées par la CSRD.
Entamer une stratégie de décarbonation en réalisant son bilan carbone puis en adoptant une trajectoire de décarbonation et un plan d’action visant à réduire l’impact de ses activités constitue également une autre étape de mise en conformité avec la CSRD.
Enfin, les entreprises qui ne seraient pas déjà soumises à la CSRD peuvent d’ores et déjà réaliser l’exercice du reporting extra-financier en s’appuyant sur le référentiel Global Reporting Initiative qui est très proche des ESRS.
Un décryptage proposé par :
Louis Raynaud de Lage – Manager chez Bartle
Clément Codron – Consultant chez Bartle
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