La résilience des entreprises passe par leur engagement dans les territoires

Dans un contexte de crises environnementales et sociales croissantes, Louis Raynaud de Lage, manager, et Léa Canal, consultante chez Bartle, soulignent l’impératif pour les entreprises de s’engager activement dans les territoires où elles opèrent, en vue de favoriser une transition juste et durable.

Secteur

Perspectives

Auteur

Benjamin Gilles

Date de publication

8 février 2024

Temps de lecture

3 mins

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Engagement dans les territoires

Qu’est-ce qu’un territoire ?

Le concept de territoire, notion polysémique et subjective, renvoie selon nous à un espace délimité par des frontières que différents acteurs se sont approprié. Il peut évoquer le bassin de vie, d’emploi ou de chalandise, mais aussi être le fruit de limites administratives, géographiques, économiques ou culturelles. Nous retiendrons ici une distinction en termes de territoire urbain, périurbain et rural, dans la mesure où chacun est confronté à des enjeux qui lui sont propres.

Quels sont les enjeux des territoires ?

Les territoires urbains doivent relever en priorité les défis de la montée des inégalités, de la saturation croissante du trafic routier et des réseaux de transports en commun, de la pénurie de logements et de la forte vulnérabilité au changement climatique.

Les territoires péri-urbains sont d’abord confrontés à des enjeux liés à une croissance démographique marquée, une mobilité contrainte (distance habitat-travail importante, recours massif à l’automobile) et au manque d’emplois locaux.

Les territoires ruraux font principalement face à des difficultés en termes de mobilité (dépendance vis-à-vis de la voiture), d’enclavement de certaines zones avec des taux de chômage élevés, d’isolement social de publics fragiles, d’accès aux soins, aux services publics et de perte de la biodiversité.

De plus, les conséquences du réchauffement climatique, les niveaux de vie, la concentration des activités économiques et les spécificités liées au tourisme diffèrent également selon les régions et les villes françaises. Ces variations posent alors des défis sociaux, économiques et environnementaux uniques à chaque territoire.

Pourquoi les entreprises doivent-elles s’engager dans les territoires dans lesquels elles sont implantées ?

Le GIEC acte dans son dernier rapport que « le réchauffement du climat mondial dû aux activités humaines est un fait établi ». La crise environnementale affecte tous les territoires, avec des conséquences notables sur l’alimentation, la santé et l’activité économique, mais aussi les activités des entreprises. Selon la Direction Générale du Trésor, le PIB pourrait se contracter de 4 à 15% d’ici 2050. De même, un effondrement partiel des écosystèmes pourrait amputer le PIB de 6 % par an d’ici 2030 selon un rapport de la Banque mondiale.

Les enjeux sociaux concernent aussi les entreprises comme l’a mis en avant Oxfam dans un récent rapport, faisant le lien entre la croissance des grandes fortunes ces trois dernières années et l’appauvrissement de 90% des Français sur la même période.

Face à ces défis, les entreprises sont en première ligne et doivent donc répondre à l’urgence environnementale tout en prenant en compte les enjeux sociaux. Kate Raworth traduit cet équilibre à travers la théorie du Donut, qui vise à concilier les besoins humains essentiels avec les limites planétaires. Celle-ci a par exemple été mise en application par la ville d’Amsterdam dans sa stratégie de reprise économique après la pandémie de COVID-19.

Comment les entreprises peuvent-elles agir sur les territoires ?

Les entreprises doivent connaître leurs parties prenantes et les défis des territoires dans lesquels elles sont implantées, intégrant les aspects politiques, réglementaires, culturels, économiques, environnementaux et sociaux pour élaborer leur stratégie d’engagement territorial.

L’engagement territorial des entreprises peut alors prendre plusieurs formes, telles que :

  • Développer des coopérations territoriales : Les entreprises peuvent agir en coopération avec les différents acteurs du territoire pour répondre aux enjeux sociaux et environnementaux de celui-ci. Un des scénarios de l’ADEME s’intitule « Coopérations territoriales » et propose d’atteindre la neutralité carbone à l’aide d’une gouvernance partagée entre divers acteurs : ONG, institutions publiques, secteur privé, société civile…
  • Engager son activité au service de causes liées au territoire d’implantation : par exemple, la dotation d’action territoriale (DAT) développée par Break Poverty permet à des entreprises d’agir sur leur territoire contre la pauvreté, notamment vis-à-vis des jeunes exclus.
  • Développer le mécénat : Le mécénat d’entreprise contribue à l’engagement territorial en s’appuyant sur le dialogue avec les acteurs locaux, en créant de nouvelles formes de coordination et en renforçant la confiance. Ainsi, 43% des entreprises investies dans le mécénat de compétences le font pour renforcer les liens avec les acteurs du territoire selon le dernier Baromètre Admical.

Ainsi, si les territoires ont bel et bien besoin des entreprises pour résister aux crises à venir, l’ancrage territorial des entreprises sera aussi la garantie de leur résilience dans le temps long.


Une tribune écrite par :
Louis Raynaud de Lage – Manager chez Bartle
Léa Canal – Consultante chez Bartle

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