Mobilité : un avenir entre décarbonation et amélioration de l’expérience client

Le constat est simple : le secteur du transport représente à lui seul 30 % des émissions de gaz à effet de serre en France. Pour y remédier, la Stratégie Nationale Bas-Carbone vise une neutralité carbone du secteur en 2050. La directive européenne votée en 2022 visant une interdiction de la vente de véhicules thermiques à horizon 2035 allait dans ce sens. Dans ce contexte, comment les acteurs de la mobilité s’y prennent-ils pour décarboner le secteur ?

Une tribune proposée par Thomas Delattre et Baptiste Bruet

Secteur

Mobilité

Auteur

Thomas Delattre et Baptiste Bruet

Date de publication

13 avril 2023

Temps de lecture

4 mins

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Sommaire de l’article

Les énergies alternatives au pétrole, le secteur en plein essor

Beaucoup d’acteurs de la mobilité cherchent à proposer des transports propres, notamment via l’électricité ou l’hydrogène. Cette transition implique une transformation en profondeur des infrastructures pour assurer la transition vers une mobilité durable en France et au sein des territoires, et éviter une fracture liée à l’accès aux bornes de rechargement.

L’hydrogène, nouvel eldorado des carburants, n’est aujourd’hui pas vu comme un concurrent sérieux de l’électricité pour la voiture individuelle, du fait de sa complexité et sa dangerosité de stockage. L’hydrogène a en revanche des débouchés possibles dans le ferroviaire, l’aviation ou encore les transports collectifs, mais nécessite encore une amélioration des processus de fabrication pour le rendre plus vert.

L’objectif d’électrification donné par la Stratégie Nationale Bas-Carbone représente une augmentation des besoins en électricité de 17% en France, et ceci sans prendre en compte les besoins de production d’hydrogène.

L’augmentation du nombre de batteries en circulation implique une explosion des besoins en matériaux, tel que le lithium ou le cobalt. A titre de comparaison, les besoins en matériaux que cela représente pour les 30 prochaines années sont équivalents à leur consommation depuis le début de l’humanité.

Ceci entraine des problématiques d’importation et de recyclage de ces matériaux et un risque de dépendance vis-à-vis de certains pays producteurs.

Pour réussir la transition du secteur et réussir le défi de la disponibilité de matière, il sera nécessaire de prendre en compte la conception des moyens de transports dans son entièreté, prenant en compte la globalité du cycle de vie de ces équipements :  l’éco-conception des véhicules, la réduction du poids des véhicules, les moyens de production utilisés, mais aussi la réutilisation des matières en fin de vie.

Les flottes de véhicules et le libre-service, une solution pour réduire la masse de véhicules personnels

Les autres pistes suivies par les entreprises sont la réduction de la part modale de la voiture et la diminution du nombre de voitures individuelles en circulation. Le co-voiturage a ouvert la marche vers un usage plus rationnel des véhicules particuliers, mais peu de temps après, la mise à disposition de véhicule en libre-service et le partage de véhicules entre particuliers a pris le pas.

Certaines entreprises proposent des flottes de véhicules à usage mixte (personnel et professionnel) à leurs collaborateurs, dans le but de réduire le nombre de véhicules individuels et optimiser le taux d’usage d’un véhicule. C’est aussi un moyen de favoriser la mobilité douce et d’être attractif pour leurs salariés.

Cette tendance de flottes de véhicules se renforce et l’on voit apparaitre de très (trop) nombreuses solutions sur le marché : voitures, trottinettes, vélos, … Les entreprises exploitant ces mobilités ont eu des années fastes de croissance mais se retrouvent face à une baisse de celle-ci, notamment depuis la récente mise en place d’une réglementation dans les villes.

Les opérateurs de ces micromobilités doivent maintenant stabiliser leurs coûts et améliorer leur rentabilité via la disponibilité du matériel, la sécurisation de leurs moyens de transport et l’augmentation du taux d’usage de leurs véhicules.

Améliorer l’expérience client pour rendre la mobilité plus attractive

L’amélioration de l’attractivité des transports va de pair avec la décarbonation du secteur des transports : comment donner envie aux usagers d’utiliser un moyen de transport doux et moins polluant que la voiture individuelle ?

Pour rendre cette mobilité plus attractive, les entreprises cherchent à améliorer l’expérience client de la mobilité. Les acteurs de la mobilité souhaitent rendre l’utilisation de la mobilité facile pour les utilisateurs, pour qu’elle soit adoptée par le plus grand nombre. Pour y parvenir, les entreprises vont jouer sur l’interface utilisateur, jugée comme prépondérante pour l’adhésion du public, mais aussi sur la mise en place d’une plateforme unique de paiement afin de faciliter le trajet et la multimodalité de l’utilisateur.

Ainsi, les développeurs misent sur une prise en compte de l’ensemble de la modalité, voiture incluse, pour une utilisation plus large de ces solutions, et pour permettre un potentiel transfert de modalité de la voiture vers des modes plus respectueux de l’environnement.

Enfin, la digitalisation en cours dans le secteur du transport offre de nouvelles opportunités, notamment via la collecte toujours plus importante de données. L’analyse factuelle des habitudes de déplacement, tant au niveau de la voiture que des transports en commun ou de la micromobilité, permet de proposer d’autres solutions de mobilité, via la mise en place de services de flotte partagée ou de nouvelle structuration de réseau de transport en commun.

Le secteur des transports est donc dans une profonde mutation, avec de nombreux défis à relever. La décarbonation du transport est un objectif nécessaire, mais les moyens mis en œuvre actuellement ne permettront pas une décarbonation complète d’ici 2050. Le développement à marche forcée de l’électrification des flottes de véhicule ou même de l’hydrogène comme carburant entraine un besoin en énergie électrique tellement important que la France ne peut pas y faire face à l’heure actuelle.

La décarbonation du transport passera aussi par un changement d’habitude des usagers, avec la fin de la propriété individuelle de la voiture par exemple. L’impulsion viendra certainement des collectivités locales pour penser la ville différemment afin de réduire la place des véhicules individuels et favoriser transports en commun et mobilités douces.


Une tribune proposée par :
Thomas Delattre – Senior Manager chez Bartle
Baptiste Bruet – Consultant chez Bartle

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